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LPPR : un zéro pointé et unanime

Le par Soraya Lecroc
Vie Etudiante

C'est officiel, la LPPR ou loi de programmation pluriannuelle de la recherche est adoptée par les instances parlementaires. L'occasion de revenir en détail sur cette loi vivement décriée par l'ensemble de la communauté universitaire. Depuis la présentation du projet de loi fin 2019, les critiques sont quasi unanimes de la part des enseignant.e.s chercheurs.euses et les étudiant.e.s, particulièrement les doctorant.e.s. De ces critiques, deux craintes majeures ressortent : la privatisation et la précarisation de la recherche universitaire et de l'enseignement supérieur.

Après une adoption en première lecture devant l'Assemblée Nationale le 23 septembre et devant le Sénat le 30 octobre, Philippe Blanchet, enseignant-chercheur à l'université Rennes 2 en sociolinguistique est revenu en détail sur le contenu du projet de loi et ses conséquences destructrices sur la recherche universitaire. 

Philippe Blanchet

Dans le plus grand des silences et contre les recommandations de l'ensemble des instances universitaires à même d'aiguiller le projet de loi, la ministre de l'enseignement supérieur Frédérique Vidal a donc fait passer cet été devant le conseil des ministres, entre deux confinements, une loi décidée de manière unilatérale par le gouvernement. Sous couvert d’apporter des budgets supplémentaires finalement étalés sur dix ans au lieu de sept pour une université déjà insuffisamment financée, la LPPR modifie le statut particulier et jusque là protégé d'enseignant.e-chercheur.euse et rend incertain l'avenir professionnel des doctorant.e.s. Celles.eux-ci sont désormais soumis à des contrats courts dont la durée est déterminée le temps d'un projet, et pourtant déguisés sous l'intitulé de "CDI de missions". 

Cette loi présentée essentiellement comme une loi budgétaire impose en réalité de nouvelles contraintes quasi idéologiques à la recherche universitaire et s'inscrit dans la dynamique néolibérale du gouvernement qui vise à soumettre aux lois de la concurrence tous les secteurs du service public. Après les voies ferrées, les aéroports, les hôpitaux...il s'agit une nouvelle fois pour le gouvernement de procéder à une casse systématique du service public en imposant à l'université, libre, publique et indépendante, le fonctionnement d'une entreprise privée concurrentielle soumise aux lois du marché derrière lesquelles se devine un modèle, celui de la rentabilité. 

Dans une université comme Rennes 2, tournée majoritairement vers les sciences humaines et sociales, les financements ne seront pas au rendez-vous et iront, on peut facilement l'imaginer, davantage vers les pôles universitaires scientifiques par le biais de partenariats public-privé. Il s'agit désormais pour l'université d'être rentable, utile à l'économie au détriment d'une recherche universitaire fondamentale qui prend du temps et s'intéresse à toutes les disciplines. 

Enfin, dernière mesure qui met tout le monde d'accord pour rejeter la future loi, c'est un ultime amendement ajouté à la dernière minute qui fait prendre à la loi une orientation liberticide. Au cœur de la contestation, un délit d'entrave qui prévoit de punir de 3 ans d'emprisonnement et 45 000€ d'amende toute intention de pénétrer en réunion dans les locaux universitaires afin d'occuper les bâtiments. Syndicats étudiants et enseignants dénoncent à l'unanimité une criminalisation inédite des mouvements étudiants afin de tuer dans l'os toute éventuelle mobilisation.

Délit d'entrave


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