Et la Note Blanche est de retour parmi vous ce soir pour un nouveau chapitre sur l'histoire du jazz ! Après avoir consacré deux parties sur l'imposition de la guitare rock dans le jazz, je vais dès à présent vous racontez ceux qui sont également aux marges du jazz : les flûtistes ! Les flûtes sont un peu les cousines éloignées des saxophones même si elles n'ont pas de anches. En général, la flûte est assez marginale dans le jazz et seules quelques musiciens en jouent. Elle sert principalement à ajouter harmonies et couleurs au son des petits ensembles et des big bands. Cependant, Eric Dolphy, Yusef Lateef, Rahsaan Roland Kirk et James Moody ont su mettre en valeur la flûte lors de leurs majestueuses improvisations ! Le son éthéré de la flûte est l'un des plus reconnaissables en jazz. Son embouchure unique entre toutes permet au musicien qui en joue de chanter ou de fredonner tout en jouant et de produire des sons perçants, voire des cris suraigus, notamment grâce à la technique de l'overblowing. Je m'explique, le célèbre flûtiste James Newton peut successivement fredonner, chanter, respirer, dans son instrument, puis en jouer de façon classique. L'effet produit est proprement magique. La silhouette de la flûte, avec son long tube, ses petits orifices que les doigts viennent boucher et son sifflet, n'a pas changé depuis des millénaires. Des dessins chinois le prouvent. Mais elle a quand même connu une modification importante lorsque Theobald Boehm l'a redessinée en 1850 pour la doter de trous plus larges. Son but était de permettre de produire un son beaucoup plus puissant. Les trous étant trop larges pour être bouchés par le bout des doigts, Boehm décida de rajouter des clés. Albert Socarras fut le premier flûtiste de jazz à enregistrer. Comme de nombreux flûtistes, il jouait aussi du saxophone. Il a accompagné Clarence Williams et son big band sur de nombreux morceaux en 1929 ainsi que son solo sur le morceau Have you ever felt that way qui est un des premiers exemples d'improvisation à la flûte. Cependant, cela reste compliqué de trouver un enregistrement qui rassemble des grands passages de flûte dans l'histoire du jazz. La moitié environ des flûtistes de jazz jouent aussi d'un autre instrument à vent comme souvent le saxophone. Et c'est à cause de la marginalité de la flûte que ces musiciens ont enregistré peu de disques qui donne la vedete à l'instrument. En revanche, seule une poignée de flûtistes a consacré des albums entiers à cet instrument comme Herbie Mann, Frank Wess, Holly Hoffman, Rahsaan Roland Kirk, Charles Lloyd, Buddy Collette ou encore Lloyd McNeill et James Newton. Depuis quelques dizaines années, les flûtistes Eric Dolphy, Joe Farell, Rahsaan Roland Kirk, James Moody et Yusef Lateef, entre autres, s'efforcent de donner à leur instrument la place qui lui revient en redoublant de brio lors de leurs concerts. Et c'est grâce à cette petite aparté sur l'histoire de la flûte dans le jazz que je vais consacrer une bonne partie de l'émission au multi-instrumentiste de jazz américain Rahsaan Roland Kirk...Place aux univers de Rahsaan Roland Kirk, Yusef Lateef et Lloyd McNeill dans la Note Blanche !
