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Émission

La Note blanche

Des musiciens en quête spirituelle dans la Note Blanche (Partie 2)

Animé par Priscille Blas | Priscille Blas à la technique

La Note Blanche est de retour cet été sur les ondes du 88.4 afin de poursuivre notre petite historique musicale sur les musiciens en quête spirituelle ! En effet, le monde musical jazziste connaît un clivage à peu près aussi net que le monde politique, avec, d'un côté, les artistes de la New Thing et de l'autre, la foule des adeptes du rhythm and blues. En 1960, déjà très sensibles, ces deux orientations de l'art afro-américain accusent leur opposition pendant que certains disent leur complémentarité. Les musiciens chercheurs ont des motifs de regretter dans l'audience collective l'inégal partage d'intérêt dont ils souffrent. Et c'est ainsi qu'aux uns la fierté de se vouloir "en marche" et aux autres la satisfaction de plaire aux gens tels qu'ils ont été constitués par l'histoire puis, dans le meilleur des cas, ils s'adressent à cette partie d'eux-mêmes qui résiste le mieux à l'inclination autopunitive. Au cours des années 1960-1967, un musicien a dépassé tous les autres et se fut évidemment, John Coltrane. Au milieu de l'année 1967, le géant du saxophone succombe à une imprévisible maladie. C'est la fin d'un homme et la fin d'une époque dont il fut le témoin exemplaire. Sans nier la nécessité pour l'art contemporain d'ébranler les conceptions rigides de l'"unité" et de la "clôture" des oeuvres, Coltrane n'abjure pas sa croyance en la nécessité native de l'art musical quel qu'il soit qui est d'être l'expression d'une cohérence, d'une marche vers l'achèvement. Coltrane a beaucoup fréquenté les musiciens du free jazz tels que Eric Dolphy, Ornett Coleman mais aussi Cécil Taylor, Albert Ayer, Archie Shepp ou encore Pharoah Sanders. Ces derniers contribuèrent à marquer profondément de leur présence la musique nouvelle à venir. Suite aux héritages africains dans la musique, Pharoah Sanders ne regarde pas seulement cette Afrique revigorante. Ce saxophoniste de génie cède au charme d'un Orient de fables avec des albums tels que Prince of Peace ou Lumkili. Pharoah Sanders cherche un repos ou une "paix du coeur". Il conçoit la musique comme une prière et comme un moyen de "communication fraternelle" qui n'a pas été l'une des moindres préoccupations de ceux qui se débattaient dans un monde invivable. Dans une société où toutes les issues semblent fermées aux Noirs, beaucoup de musiciens ont cherché une sortie par le plafond. Sanders pour sa part, avait côtoyé Coltrane qui rêvait de s'élever pour disparaître en lui jusqu'à l'"Amour Suprême". Pharoah Sanders commence à être connu comme saxophoniste sur la scène jazz d'Oakland en Californie au début des années 60. En 1962, il s'installe à New-York et reçoit rapidemment le surnom de Pharoah par les membres de Sun Ra avec lesquels il se produit. En 1965, il joue donc avec le groupe de Coltrane au moment où se dernier commence à expérimenter un nouveau style de jazz qu'on appellera plus tard le free jazz ! Et c'est dans ce style que Pharoah Sanders s'illustrera par la suite. Parmi ses nombreuses collaborations célèbres, on peut noter celles où chante le vocaliste Leon Thomas. Les "yodellings" de Thomas associés aux improvisations de Sanders puis à un rythme free jazz détaché d'une structure rigoureuse ainsi qu'à des textes religieux et mystérieux avec un intérêt pour l'Islam qui marque une attirance et un retour vers la musique orientale et africaine. Pour ces raisons, Pharoah Sanders est considéré comme l'un des inventeurs de l'ethno-jazz. Et dès à présent dans la Note Blanche, place à la note spirituelle de Pharoah Sanders...


 

                                   

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